LANCEMENT DE L’INITIATIVE G5 PPP SAHEL
LANCEMENT DE L’INITIATIVE G5 PPP SAHEL
Marc TEYSSIER d’ORFEUIL,
Délégué Général du Club PPP MédAfrique
Depuis la dernière réunion du Club PPP Mauritanie à Nouakchott en novembre 2017, l’idée de rassembler et de dialoguer avec les 5 pays composant
le G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) autour de la thématique des PPP a germé et fait son bout de chemin jusqu’à l’organisation
de cette table-ronde spécifique aux RIPPP 2018. On ne peut en effet pas préparer la paix de demain exclusivement
de manière militaire mais aussi investissant dans les infrastructures sociales
Mohamed EL HAMED
Directeur Exécutif, Banque Nationale de Mauritanie
« Dans cette partie de l’Afrique, la compréhension des PPP se fait sous un regard d’infrastructures très importantes. Dès les premières rencontres du Club, nous avons invité des jeunes qui portaient des projets à une échelle beaucoup plus petite et qui concernaient la gestion de l’électricité et de l’eau dans des villages afin de prouver que cette vision des PPP n’était pas forcément la bonne. La Mauritanie a créé et géré l’aspect « G5 sécurité ». Maintenant, il faut regarder aussi le côté développement. Je propose à mes amis du G5 Sahel de les accueillir en Mauritanie, le temps que les Clubs qui sont en gestation dans ces pays se développent ».
Issa HASSIMI DIALLO
Coordinateur de l’Unité PPP
à la Présidence du Mali
« Le G5 PPP constitue un cadre idéal pour pouvoir échanger les expériences, capitaliser les bonnes pratiques, et voir ce qui a marché chez les uns ou pas et comment rectifier le tir. Cela mérite désormais un accompagnement. Il faut avant tout créer un secrétariat, avoir une présidence tournante, piloter de manière pragmatique et trouver les premiers
fonds pour que les uns et les autres puissent se rencontrer. La fédération de nos efforts c’est
une chose extrêmement importante, mais il faut donner un contenu ; et ce contenu passe par des moyens financiers ».
Jean-Marc CHATAIGNER
Ambassadeur, Envoyé Spécial
pour le Sahel, Ministère de l’Europe
et des Affaires Etrangères
« Pour résumer les challenges du Sahel, je peux prendre pour exemple
deux rencontres de terrain récentes avec deux gouverneurs, l’un au Niger,
l’autre au Tchad, à qui j’ai demandé quels étaient leurs défis. Le premier
a mis l’accent sur le million et demi d’enfants qui ne sont pas scolarisés
dans sa province, sachant que sur les 4,2 millions d’habitants de sa province,
70% ont moins de 15 ans. Les enjeux principaux sont donc l’éducation
et l’emploi. Le second dirige une province de 240 000 km² pour environ 110 000 habitants. La
question qui se pose est de comment développer cet espace, avoir connaissance de tout ce qui se passe dans cet espace et assurer sa sécurité ? Voilà ce qui résume beaucoup de défis du Sahel. Les réponses qu’on pourrait formuler sont celles qui ont déjà été apportées par les pays du G5 Sahel eux-mêmes et qui ont décidé de se regrouper en 2014 pour faire face aux menaces qui les entourent et aussi pour attirer ensemble les opportunités qu’ils peuvent développer. Le G5 Sahel s’est développé autour de ces deux réponses qui à mon avis méritent d’être complétées effectivement par une troisième. La première réponse, c’est bien sûr la réponse sécuritaire. Sans sécurité, il n’y a pas de développement économique, pas
de croissance, pas d’entreprises qui vont venir. Il faut donc assurer la sécurité et assurer la présence de l’État dans toutes ces régions et cela peut sembler compliqué compte tenu des distances qui existent dans cet espace. Les menaces sont asymétriques et il faut
y faire face. C’est un effort que nous accompagnons fortement au niveau de la France, de l’Europe et au niveau international, et il faut le poursuivre. La seconde réponse est évidemment une réponse de solidarité internationale, parce que les enjeux sociaux, de santé
et d’éducation sont absolument immenses. Et puis la troisième réponse qu’a commencé à élaborer le secrétariat du G5 Sahel à Nouakchott, est de l’ordre économique. Il s’agit de la mise en place d’un programme d’investissements prioritaires, dans lequel il y a un
certain nombre de projets et de programmes qui seront bientôt présentés par le secrétaire permanent du G5 Sahel. Parmi ces projets il y en a un certain nombre qui nécessiteront de recourir aux PPP pour réaliser ces infrastructures absolument nécessaires pour désenclaver ces régions tels que la construction de chemins de fer trans-sahariens et trans-sahéliens ».
Michel SAPIN Ancien Ministre des Finances, France
« Quand on parle de la Mauritanie, de l’Afrique plus généralement, et de la bonne utilisation
des Délégations de Service Public (ndlr : formalisés juridiquement en France par la loi Sapin I) et tout particulièrement du PPP, je suis présent parce que je pense que c’est l’intérêt général. C’est au nom de cet intérêt général que j’étais très heureux à la fois d’être le Président d’honneur du Club en Mauritanie mais aussi à ma modeste place, de promouvoir la pertinence des PPP dans ce contexte particulier, qui est celui du Sahel, et qui peut d’ailleurs pousser à ce que cette vision plus régionale de la mise en œuvre et de la promotion d’un outil puisse s’étendre au-delà des 5 pays du Sahel.La motivation première venue des pays eux-mêmes l’était autour des questions de sécurité, mais tout le monde sait très bien que si les questions de sécurité se traitent parfois par la force, nécessairement, elles se règlent en profondeur par le développement économique et social. Et dans ce développement, les PPP parmi d’autres outils, peuvent être utiles. Ils sont par ailleurs parfaitement adaptés à un besoin de développement local comme par exemple dans le domaine énergétique où, à côté des grands ouvrages, il y a un besoin de petits PPP pour développer, de manière décentralisée, la production d’énergie dans ces pays. Aujourd’hui, il y a également besoin au niveau mondial d’une bonne utilisation de l’épargne, notamment locale et plus particulièrement dans ces pays où il y a de vraies capacités d’épargne mais aussi d’investissement. Parmi les conditions qui doivent être remplies en Mauritanie et dans les quatre autres pays du Sahel, je citerais le cadre
juridique qui doit être clair et stable car utile pour l’investissement. Ensuite, il y a un besoin d’incitation et de motivation qui viennent de l’extérieur pour que ces cadres juridiques uissent se créer.Enfin, il est bon de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs mais de le faire en fonction
de ses propres besoins et habitudes juridiques tout en travaillant de manière coordonnée afin que les entreprises qui s’intéressent aux PPP dans cette partielà de l’Afrique n’aient pas à chaque fois à éplucher un texte différent.Dans les PPP, on voit bien ce qu’apporte le privé en termes de rigueur, de calculs et de bonne rentabilité, dans les bonnes conditions et avec les bons financements.Mais il n’y a pas de bon partenariat public, sans que cette place du public, non seulement soit préservée, mais aussi occupée pleinement.Trop souvent, les ouvernements
se défient du PPP en se disant qu’ils vont perdre la maîtrise de ce qui pourtant est la mise en oeuvre d’une volonté politique.La puissance publique doit avoir non pas le sentiment mais une réalité de mise en oeuvre de sa propre politique et la population doit comprendre et savoir que c’est une volonté politique, qui est mise en oeuvre par un outil particulier, grâce à l’expertise et au financement privés, mais que jamais cette question de l’objectif public n’a été perdue de vue. Ce n’est pas une manière de se débarrasser de la mise en oeuvre d’un équipement public. C’est, au contraire, une manière d’être efficace dans la mise en oeuvre de cet équipement public, en affirmant une volonté politique. En résumé, n’oubliez jamais qu’un PPP, c’est la mise en oeuvre d’une politique publique, d’un service public, au service
d’une population, en utilisation de l’épargne, de l’intelligence, de l’initiative privées, mais en ne perdant jamais cet objectif d’intérêt général ».